Le 27 novembre 1989, les bâtiments qui constituent le château de Cortils sont classés au patrimoine ainsi que 16 hectares de terres aux alentours.
Maurice Dallemagne, l'ancien propriétaire, décède en 1992 à l'âge de 92 ans. Ses 20 héritiers vendent le domaine en 1997 pour 1 million de florins à une fondation néerlandaise Rondeltappe-Bernoster-Kemmers, représentée par Alexander Rondeltappe. Celui-ci utilise le rez-de-chaussée du château comme seconde résidence. Il fait aménager un appartement à chaque étage du château. Il fait rénover le terrain de tennis. Il décède en 2003.
Le secrétaire de la Fondation, alors âgé de 76 ans engage un bureau de promotion immobilière pour poursuivre les travaux de transformation. Malheureusement, les entrepreneurs choisis ne se sentent pas investis ni passionnés par le projet. Les choix de rénovation et la qualité du travail sont déplorables. Il règne sur place une ambiance négative. Les quelques locataires occupent les lieux surtout pour le prestige qu'il confère et deviennent rapidement insatisfaits. L'énergie négative grandissante, le tout se détériore rapidement.
En février 2004, des plans sont élaborés pour faire des appartements dans le logement devant la grande grange au n°4 pour lequel l'intérieur devrait être démoli. Cependant, un permis de construire est nécessaire en raison des changements structurels et sur la façade. Un architecte inscrit à l'ordre des architectes en Belgique doit être (heureusement) approché.
Le sauvetage
Début mars, l'architecte Boudewijn Laugs reçoit un appel téléphonique de l'Ordre des architectes qui lui demande s'il est intéressé par la mission, puisqu'il travaille régulièrement en Wallonie en tant qu'architecte néerlandophone.
Au premier rendez-vous sur place, il est ravi et stupéfait de constater que le site est celui découvert quelques semaines plus tôt lors d'une promenade, mais il est aussi extrêmement choqué de voir comment celui-ci est traité. Des grands buis du potager sont arrachés pour être brulés et d'anciennes serres sont démolies. Des matériaux de piètre qualité sont utilisés et partout, on fait un usage abusif du ciment.
Immédiatement, il cherche un moyen de devenir gestionnaire du site pour la Fondation. Celle- ci veut revendre les terres agricoles à l'extérieur du parc (73 hectares) et n'a aucune vision à long terme, pas de masterplan, seulement l'idée de faire des appartements partout.
Un rendez-vous est pris avec le secrétaire de la Fondation pour essayer d'inverser la tendance et de faire un plan directeur.
C'est la 3ème rencontre avec Cortils, le deuxième rendez-vous. À la question de savoir ce que la Fondation a l'intention de faire du domaine au cours des dix prochaines années, le secrétaire répond: «Je peux être bref à ce sujet. En fait, nous voulons nous en débarrasser." La réponse de Boudewijn qui à l'époque n'a pas d'argent, est : "Alors je le reprends !" Aucun montant n'a encore été cité mais Boudewijn pense : "Je cherche 10 personnes qui veulent acheter le site via une Fondation avec des détenteurs de certificats et je fais la gestion !"
Il reçoit immédiatement l'autorisation du secrétaire Mr. Franssen d'agir en son nom et de prendre des décisions auprès des entrepreneurs, des Administrations, du Patrimoine, etc.
La recherche de partenaires financiers démarre mais n'est pas facile! Les candidats sont pour la plupart des gens qui veulent s'enrichir. Hélas pour eux, un domaine n'est pas là pour servir une personne, ce sont ces personnes qui doivent être là pour lui ! Un domaine mérite l'attention, le soin et l'amour dont il a besoin. La spirale négative doit être inversée. La joie et la passion présentent pendant l'occupation par Maurice Dallemagne doivent être à nouveau ressenties afin que beaucoup de gens puissent en profiter et s'en inspirer.
Après 1,5 ans, il n'y a toujours pas de fondation ni d'entreprise créée. Il n'y a toujours pas d'argent. Le rachat doit cependant avoir lieu sous peine de recevoir une forte amende. Heureusement les banques acceptent de faire crédit à Boudewijn qui par le passé a fait ses preuves en matière d'investissements. Il achète le domaine pour le prix demandé d'un million et demi d'euros. L'acte de rachat est passé le 13 septembre 2005.
Immédiatement, on commence à nettoyer les endroits les plus lugubres du domaine. Les puits remplis d'ordures sont vidés et nettoyés, la plantation de sapins de Noël est retirée du potager, les buis et les rosiers sont replantés, des canalisations défectueuses sont remplacées, un atelier temporaire est construit. Les appartements du château sont meublés l'un après l'autre. La location peut commencer et le remboursement de l'hypothèque aussi.
Ensuite, un nouveau plan est conçu pour la maison où des appartements avaient été initialement prévus : la ferme de 1937.
Dans un premier temps, elle est transformée pour pouvoir accueillir Boudewijn, sa femme Constance et les enfants. La maison peut être gardée intacte à condition qu'une zone de 3m de la grande grange soit ajoutée. On y aménage les salles de bain et la cuisine. Les plans sont pensés pour permettre une exploitation ultérieure comme B&B.
Le 1er avril 2006, les nouveaux propriétaires s'installent dans la maison. Le lien avec le domaine ne peut que mieux se renforcer.
Afin de pouvoir accueillir stages et formations, il faut prévoir un bon espace. Le bâtiment le plus en ruines mais avec le plus bel emplacement est rapidement choisi. C'est le Pavillon, ancien appentis situé derrière le terrain de tennis. Deux parois vitrées offrent une vue sur la vallée alors que l'intimité est préservée grâce à l'ancien mur du potager et à la douce pente du toit.
La petite maison dans le bois est restaurée et offre un endroit de retraite.
Un autre édifice en ruines est la maison du cocher avec ses écuries voisines. La reconstruction débute en 2008 et se poursuit grâce à l'attribution d'un premier certificat de patrimoine.
L'étable à côté du portail qui mène au jardin doit être presque entièrement reconstruite et réaffectée en logement (n°8)(2009). En dessous de l'autre étable datant de 1833, une cave est creusée (2010) pour accueillir des installations techniques pour ensuite pouvoir finir les travaux de transformation de l'habitation du dessus (n°7) (2011). L'ensemble de la réaffectation de la zone sud est complétée par la reconstruction des serres (2012) attenantes aux numéros n°7 et 8.
La restauration des toits d'ardoises, des portes et fenêtres devient possible grâce à un subside du ministre en charge de la Direction de la Restauration du Patrimoine.
Ensuite sont construites : la salle à manger, la cuisine (2013), la véranda de la Maison du Cocher et le patio (2014).
En décembre 2014, le bail à ferme prend fin. Albert Liégeois prend sa pension, il représente la 5ème génération de fermiers vivant et travaillant à Cortils. La pension pour chevaux est terminée. Dans les écuries, on retire les barrières. Toutes les terres passent en agriculture biologique.
Derrière la salle à manger, on aménage une 2ème salle. Pour ne plus subir d'inondations des eaux provenant des terres du dessus, il est important de prévoir un bon drainage et un mur de soutènement. En 2015, on creuse une cave supplémentaire afin de pouvoir y placer des ballons d'eau chaude (chauffage sol basse température) et un espace pour le rangement des vélos et des déchets. Au printemps 2016, ces espaces sont terminés.
En parallèle, d'autres toitures sont entretenues grâce à un subside de maintenance.
Durant toute l'année, la construction va se poursuivre dans la zone sud, pour laquelle un Certificat de patrimoine a été délivré le 14 décembre 2009 et un permis de bâtir le 31 août 2010.
2016 est une année importante pour le Domaine des Cortils.
En 2016, les procédures pour le certificat de patrimoine et le permis de bâtir pour la zone nord sont entamées. L'objectif est de commencer les travaux de transformation et de réaffectation des bâtiments côté est de la cour de la ferme en 2017.
La coopérative “Les Compagnons de la Terre” de Liège s'installe. En mars 2016, les premières parcelles de terre sont travaillées et les serres sont installées. La production maraichère peut commencer.
Après 1075 ans, le Domaine n'est plus la propriété de familles mais d'une Société Coopérative à Responsabilité Limitée, le “Domaine des Cortils” scrl. A l'avenir, ce sont une Assemblée Générale et un Conseil d'Administration qui prendront les décisions importantes. Chaque citoyen qui porte Cortils dans son cœur peut devenir coopérateur. Le Domaine est là pour toute personne qui veut vivre dans le respect des gens et de la Terre mère .
L'histoire continue, Cortils continue.